Rhodiacéta...

Rhodiacéta

Rhodiacéta, La Rhodiacéta, ça faisait des années que je me promettais d’aller y faire quelques images.
C’est fait.

La Rhodiacéta, temple des textiles nouveaux des années 60.
La Rhodiacéta, partie bisontine de l’empire Rhône Poulenc Textiles.
La Rhodiacéta qui fournissait en fil de Tergal tous les sites de France et d’ailleurs spécialisés dans le tissage.

Le Tergal, vous vous souvenez ? On a tous porté des pantalons en Tergal, infroissables, indéformables, et qui gardaient au fil du temps le pli tranchant comme une lame, sur le devant des jambes.

La Rhodiacéta, ogre qui dévorait les petits métiers
 combien d’ouvriers, d’artisans, ont posé leur caisse à outils pour venir se faire embaucher avenue Chardonnet ? Certes les salaires y étaient alléchants, mais combien d’entre eux y ont laissé leurs poumons ?

La Rhodiacéta où des milliers de femmes et d’hommes ont travaillé jours et nuits, en trois/huit, les lumières artificielles n’étaient jamais coupées, dans une chaleur hallucinante, devant les fours, dans une odeur pestilentielle de plastique en fusion, à tirer les fils, à transporter et empiler les bobines.

La Rhodiacéta, abandonnée, lâchée par le groupe Rhône Poulenc dès qu’il s’est avéré que laisser produire la fibre par des asiatiques sous payés était plus rentable.

La Rhodiacéta, en ruine, pillée, éventrée, laissée en friche pendant une bonne vingtaine d’années, devenue terrain de jeux, jeux dangereux puisque quelques uns des explorateurs en herbe venus s’y ébattre y ont laissé leur vie !

La Rhodiacéta, placée au centre d’un imbroglio juridique international pendant des lustres.

La Rhodiacéta enfin tombée dans l’escarcelle de la Ville de Besançon, qui s’est empressée d’abattre ce qui présentait des dangers, de combler les catacombes meurtrières et de sécuriser ce qui devient un parc semi sauvage.

La Rhodiacéta, terrain de prédilection des graffeurs.

Février 2022