Œil de DOM
Se coucher tard nuit. Me lever matin m’atteint.

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Journal de confinement, page 28...

samedi 25 avril 2020, par Dominique Villy

Samedi 25 avril 2020

Sur mon agenda d’avant confinement, à la page d’aujourd’hui, samedi 25 avril, ne figurait rien.
Ni anniversaire à ne surtout pas oublier, ni rendez-vous, ni petite idée notée en vrac pour le cas où.
Rien.
Rien de rien.
Pas la moindre obligation.
Pas la moindre tâche.
Pas le moindre rappel, pas le moindre pense-bête.
Pas la moindre béquille pour soutenir l’hyperactif et lui permettre de passer la journée, ou une partie, avec un projet, avec l’idée de réaliser quelque-chose d’utile-ou pas- et d’atteindre le soir, en se félicitant d’avoir une fois de plus réalisé l’objectif.

Rien.
Le trou noir interstellaire.
.....................................
Va falloir faire jouer l’imagination.
Va falloir ne compter que sur mes propres ressources.
Va falloir me convoquer, me réunioniter au sommet, me presser le citron, me brain stormer, pardon, me remuer les méninges, enfin bref, qu’est-ce je vais noter ce soir sur le grand registre des minutes ?

Quarante jours de confinement, ça use.
Ça n’use pas le muscle, certes, mais ça use l’imagination.
Ça use la patience aussi.
Ça épuise les réserves. Tant qu’il ne s’agit que des réserves dans les placards et dans le congélateur, c’est un moindre mal. Quand il n’y aura plus rien, on cessera de donner de l’ampleur au bourrelet disgracieux. Qu’est-ce qu’on va en baver pour l’éliminer celui-là.(!)

Ça épuise aussi les réserves d’idées.
Les idées naissent au contact des autres. On se rencontre. On compare. On réfléchit en commun, en communauté. On améliore ce qui existe déjà. On teste. On ne part que très rarement de rien. On s’appuie sur quelque-chose, sur quelqu’un. Sur un savoir-faire qu’on acquiert. Qu’on développe. Qu’on fignole.
Qu’on adapte.
Voyez Robinson Crusoé, sur son île déserte.
S’il n’avait pas réussi à extraire outils et matériaux de la carcasse du navire échoué, il n’aurait pas survécu plus de quelques semaines. Sa ruse, son courage, sa force et son intelligence n’auraient pas suffi à sa survie.
Ce sont les autres, à travers les objets puisés dans l’épave, qui ont alimenté sa créativité.
Vendredi aurait pu les remercier.

Bon, d’ici à ce que Vendredi débarque dans mon jardin, (nous sommes samedi, je vous rappelle) j’ai le temps de me refaire une santé mentale. Et de réactiver mon imagination.
Portez-vous bien. À lundi...