Œil de DOM
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Imagination 26-2020 Sylvie

samedi 4 juillet 2020, par Dominique Villy

Mots :
incarnat ambiance spirale apprentissage paresse

Photo :
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Tu es pris dans une spirale infernale !

Pendant longtemps, tu t’es fait aspirer par la société, sans franchement te poser de questions sur les tenants et les aboutissements de ton mode de vie.

Tu avais la chance de travailler, dans un domaine qui te plaisait. Tu étais correctement payé, plus que correctement, même. Tu dépensais sans compter. Bel appartement dans un quartier chic, grosse voiture, SUV comme disent les bobos maintenant, voyages fréquents dans le monde entier, avions et hôtels à l’avenant, séjours de remise en forme, balnéothérapie à Bali plutôt qu’à Douarnenez, ça "envoie" plus dans les conversations, parcours de golf en Australie, on dit que c’est plus porteur qu’à La Chevillotte, en Franche Comté.

Les filles que tu fréquentais connaissaient les codes.
"À poil plutôt qu’en fourrure" n’était pas leur devise. Même si le petit rien qui les découvrait tenait plutôt de la ficelle que du rempart à la pudeur, il affichait souvent dans la boutique un montant à trois chiffres.

La grande vie, quoi.
Gagner gros, tout dépenser vite.
Et se lasser plus vite encore.

Faut reconnaître que tu n’étais pas fainéant. Autant de pognon ne se gagne pas en chipotant sur les heures, sur les déplacements, sur les réunions, les séminaires, les week-end de formation, d’apprentissage et les journées de boulot qui se terminent le lendemain. Le droit à la paresse ne figurait pas dans ton contrat.

Jusqu’au jour où le burn out t’a pris dans ses filets.
Cuit.
Ramassé.
Écroulé.
En moins de deux mois, tu es devenu un vieillard.
Plus d’appétit, plus d’envie, plus de libido.
Une sorte d’outre vide.
Plus d’avenir dans ta société de "djeuns" fringants, agressifs.
Les dirigeants t’ont chassé de la boîte : tu cassais l’ambiance. Tu risquais de leur faire entrevoir leur futur proche. Ils y passeront, comme toi, mais auparavant il fallait les presser encore pour en extraire le jus : l’actionnaire attend ses primes, ses retours sur investissement.

Alors tu as sorti un vieux rêve des limbes de ta cervelle ramollie.
La Mongolie, ses troupeaux de petits chevaux sauvages, sa steppe infinie, son ciel incarnat traversé de nuages lourds, ses horizons barrés par les sommets enneigés.....

Mais pour financer un tel voyage, et le séjour, quand on n’a pas eu la prévoyance de ne pas tout claquer l’argent difficilement acquis...il faut se remettre à bosser.
Bosser dur.
Et cesser de s’autoriser les escapades, les plaisirs futiles/faciles qui aident à tenir la pression.

Pour arrêter cette vie de dingue, tu dois mener une vie encore plus dingue.
Tu es pris dans la spirale.

Dom