Œil de DOM
Se coucher tard nuit. Me lever matin m’atteint.

Accueil > Textes > Confinement. Seconde phase. > Samedi 14 novembre 2020.

Samedi 14 novembre 2020.

vendredi 13 novembre 2020, par Dominique Villy

Ce matin, je me lance dans un truc de fou.
Un truc dingue.
Je n’ose même pas y penser.
Je ne donne pas de précisions : vous viendriez toutes et tous m’en empêcher.
Ce matin, je le sens bien.
Ça fait un moment que ça « goume ».
Je suis mûr.
C’est ce matin que j’y vais.
J’ai retourné le truc dans tous les sens.
Je l’ai envisagé.
Je l’ai épluché.
Je suis prêt !
Et là, en toute sincérité, j’aimerais bien avoir La Marseillaise en fond sonore. Ça l’ferait bien.
Ça aurait de la gueule !
Une foutue gueule, pour sûr !
T’imagines ?
Moi, en train de me livrer à ça ?!
Au petit matin ?!
Oh ! La presse n’en dira mot, ni demain, ni les jours suivants.
Ni presse papier, ni radio, ni télé.
Même pas la feuille de chou de la paroisse.
Et pourtant voisin plus immédiat que moi de la paroisse, tu trouveras pas.
Mais c’est tous les mêmes, les journaleux. Si il n’y a rien à gratter pour leur gloriole personnelle, tu ne risques pas de les croiser là où les choses se passent. Ils sont bien trop occupés à venir manger dans la main des puissants qui leur tiennent la laisse, les pisse-copies. Bien trop occupés à picorer les miettes, au risque de s’étouffer tant ils s’en goinfrent.

Ils n’y seront pas, demain.
Je ne les convoque pas.

Qu’ils se pressent plutôt sur le paillasson de Mélenchon.
Là au moins il y a du scoop.
Là il y a du spectacle.
Là on rigole !
Rappelle-toi : « La République, c’est MOI » !
Rappelle-toi les combats d’hologrammes.
Quel melon il a attrapé, le pôv Jean-Luc !

Allez, fais les valises, Liliane, on rentre !

Personne ne sera témoin de mon acte d’audace. Personne.

À l’heure où les lions vont boire, j’ajouterai une page au grand livre.
Aux premières lueurs naissantes sur les monts d’Est, j’aurai passé ma tenue couleur de muraille.
Je me faufilerai, souple et amaigri par dix jours sans appétit, si ce n’est celui de réaliser l’exploit de ce matin, j’emprunterai l’escalier collectif, veillant à ne pas faire grincer les marches numéro neuf, vingt-trois et soixante-sept. J’entrebâillerai la porte sur rue, je scruterai l’horizon à droite, à gauche, deux fois plutôt qu’une, et je m’engagerai vers l’ouest, de ma démarche à peine allégée, en direction de la boulangerie, pour la première fois depuis huit jours, je serai libre de marcher dehors !

CoronaMinus, je te conchie !