Œil de DOM
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Mardi 17 novembre 2020.

jeudi 19 novembre 2020, par Dominique Villy

Confinement. Seconde de phase.
Mardi 17 novembre 2020.

Tu es tombé par hasard sur les romans d’un auteur suédois il y a quelque temps. Des romans noirs. Une merveille. Une écriture torturée. Des histoires terribles. Érik Axel Sund, c’est l’auteur en question. Il semblerait que ce soit un tandem. Deux écrivains qui mêlent leurs plumes, leurs styles et leur documentation. Un pur régal.
Mais, mais, car il y a toujours un mais... ils ont peu produit.
Un triptyque.
Mille trois cents pages d’une enquête glauque, menées par des flics pugnaces, qui mènent vie professionnelle compliquée et vie privée chaotique...

Tu te régales à chaque fois que tu te plonges dans le volume. Avec une petite restriction : faut y aller mollo, faut savourer chaque page, faut pas te laisser embarquer, faut é.co.no.mi.ser ta lecture : quand les trois bouquins seront avalés, tu sais qu’un quatrième existe, mais pourras-tu le trouver, faudra-t-il le commander ? Arrivera-t-il ?
Saloperie de virus !

Alors du coup, tu viens d’appeler Réservoir Brooks, librairie bisontine, et tu as passé une commande de polars suédois. Oui, traduits, bien sûr.

Pourquoi la Suède ?

Peut-être parce que le jour décline tellement vite en ce moment. Il est dix-sept heures dix, il fait nuit... Tu es d’emblée dans l’ambiance.
Sauf que les troupeaux de rennes se font rares dans ta rue.

Le suédois ne rechigne pas à boire une bière après une rude journée de boulot. Ça t’ouvre des horizons. Toi, qui affiches à l’ordinaire une sobriété de chameau, tu te souviens qu’il te reste à la cave une douzaine de canettes amoureusement choisies chez un caviste de Brennenstrasse, lors du dernier passage à Berlin.

Inutile de les laisser vieillir, ce n’est pas du Bordeaux.

La rareté donne un poids supplémentaire à l’événement. Cette bière ambrée, servie tout juste à la bonne température, te semble le nec plus ultra. Tu claques longuement du bec à chaque goulée de ce précieux nectar avalé. Tu touches le sublime. Tu tutoies Dieu. Tu nargues Belzébuth et ses cornes acérées...

Tu plains alors le pochetron de la rue qui n’est plus capable de vaciller d’un trottoir à l’autre sans son bâton de vieillesse, je veux dire sa boîte de bière éventée, tiédasse, pour tout dire dégueulasse...

Choisis ton camp, camarade.

Rappelez-vous : Érik Axel Sund, traduit du suédois par Rémi Cassaigne. Éditions Babel Noir...