Œil de DOM
Se coucher tard nuit. Me lever matin m’atteint.

Accueil > Textes > Confinement. Seconde phase. > Samedi 21 novembre 2020.

Samedi 21 novembre 2020.

samedi 21 novembre 2020, par Dominique Villy

Ça y est, ils ont gagné.
C’est le week-end, et je ne vais même pas avoir une paix méritée.
Ils m’ont mis en colère.
Je la sentais monter. J’espérais secrètement une rémission. Une courte rémission. Manière de me régénérer.
Raté.
Et là, ils s’y mettent tous.
C’est du harcèlement.

Ils sont en train de nous en faire tout un fromage.
Quand je dis « ils », je pense à tous les bien pensants, les donneurs de leçon, les ayatollahs débâchés, les jésuites de tous bords, de toutes obédiences.

« Amazon, c’est CACA » !

C’est le refrain à la mode chez eux.

« T’achètes chez Amazon, t’es une sale personne ».

« Faut dépenser ses sous chez le commerçant de la rue, chez le voisin, chez le beau-frère qui a du mal à boucler ses fins de mois, avec tout ce qu’on voit de nos jours.
Chez l’épicier arabe du boulevard, chez le Chinois du bas de la rue ».

Et Merde !

Avant de chercher (sans y parvenir vraiment) à culpabiliser le petit monde, tu pourrais essayer de te poser les bonnes questions ? Si c’est possible ?

Le p’tit commerçant de proximité, il est en train de crever.
Soit.
Mais c’est pas nouveau.

Ce n’est pas la pandémie actuelle ni les mesures prises qui le tuent.
Disons qu’elles l’achèvent. Le coup de grâce, Pan ! bien propre, bien net, dans la tempe, le petit trou tout rond au calibre de l’arme qu’il tenait cachée à côté du tiroir-caisse, pour se prémunir de l’agression toujours possible quand on ouvre jusqu’à minuit dans les quartiers chauds.

Le petit commerçant de quartier, il crève.

Il crève à petit feu depuis des années par la faute des équipes municipales, des maires, des préfets, des autorités, des édiles qui ont signé à tour de bras des autorisations de construire puis d’agrandir ces horreurs de zones commerciales, véritables kystes qui enlaidissent à jamais les entrées de nos villes, si petites soient-elles.
Il crève de la cupidité des bâtisseurs de hangars toujours prêts à ajouter de la mocheté à la mocheté.

Ce n’est pas Covid-19 qu’il faut incriminer.
C’est les décideurs.
C’est les financiers.
C’est les vautours.
Le petit commerçant de proximité, c’est avant qu’il fallait l’aider à pas crever.
On n’aurait pas pu réserver une partie du pognon distribué à Peugeot, à Airbus, à SNCF, pour lui venir en aide, au petit commerçant qui fait vivre la rue, le quartier, l’arrondissement ?
Ben non : l’actionnaire du CAC 40 n’en avait rien à braire, du petit commerçant. L’actionnaire du CAC 40, d’abord, il ne fait pas les courses du quotidien. L’actionnaire du CAC 40, il passe son temps à charger la brouette de fric, à la pelle, au tracto pelle. Il ne sait faire que ça.

Tu t’es aventuré dans des petites villes, dans des petites bourgades, avant 2019 ?
Avant cette crise sur le dos de laquelle nos politiques incompétents vont se décharger de leur nullité ?

Qu’est-ce que tu y as vu ?

Des boutiques vides, à l’abandon, moisies, vestiges d’un temps où ces rues vivaient.
Des façades déteintes, des boiseries lézardées, de l’herbe qui a envahi les pas-de-portes depuis des lustres. Parfois l’ancienne trace du nom de la boutique, ou de sa spécialité, peinte directement sur le crépissage. Ça pue la mort. Tout ça, ça pue la mort.

« - Vous verrez, monsieur le Maire, on va vous construire un beau Centre Commercial, flambant neuf, Moderne. Vos administrés vont adooooorer. (Ils vont le payer, aussi, pendant des générations).(Mais chut ! Ils s’en rendront compte bien assez tôt).
- Oui, mais à l’extérieur du village, ça sera moins pratique. On n’a pas l’habitude de sortir la voiture juste pour acheter le pain et le journal.
- Te Te Te ! Ils la prendront vite, l’habitude ! On est en France, on n’est pas chez les Amishs. »

Je me trompe, ou cette phrase vient d’être reprise, par un Président de la République Française ?

Alors maintenant, arrêtez de nous gonfler avec Amazon ceci, Amazon cela.
Vous l’avez voulu, nous l’avons.

Un combat qui ne serait pas stérile, c’est celui qui viserait à ce que Amazon paie des impôts, au même titre que le commerçant de centre ville, qu’on continue à pressurer, même exsangue.

Le reste n’est que bla-bla-bla...