Œil de DOM
Se coucher tard nuit. Me lever matin m’atteint.

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Dimanche 22 novembre 2020.

dimanche 22 novembre 2020, par Dominique Villy

Affalé dans le canapé, je m’octroie une pause bienvenue.

Une jolie pile de romans suédois à portée de main, mais elle attendra un peu.
D’abord un café, puissant, parfumé. Puis je m’y remets.

L’ordi ronronne gentiment, comme un matou repu. Il brasse et mouline les données que je lui mets en pâture depuis quelques semaines.
C’est un recherche à propos des compagnies de théâtre de rues que je fréquentais assidûment depuis un quart de siècle, jusqu’à l’entrée en scène de cette saloperie de virus.

Compilation, croisements d’infos, années de création, titre des spectacles, nom des acteurs, des créateurs, des techniciens.

Trouver des liens, des similitudes.
Reconnaître les parentés.
Débusquer les familles, les fratries, les clans.
Reconnaître les sources d’inspiration des metteurs en scène, des chorégraphes.
Circuler un peu au hasard, un peu au flair, parmi les pièces de ce puzzle géant.
Vingt-cinq années de festivals, entre cent et cinq cents spectacles par festival. Du bon, du mauvais, du génial, du neuf, du vu et revu... Des choix à faire parmi l’offre. Des spectacles qu’on rate. Des spectacles qu’on voit et qu’on revoit. Les bons tuyaux qu’on reçoit des copains, ceux qu’on donne.

Et toujours des surprises.
Des émotions.
Du rire.
Des larmes.
Le souffle qu’on retient.
Le plaisir qui renverse...
Le plaisir, moteur de l’addiction.

Se replonger dix ou vingt ans après dans les notes d’intention, dans les descriptions. Ressortir des photos. Scruter les visages, détailler les costumes, les éléments de décors.
Retrouver les impressions ressenties à l’époque.
Telle scène, je la trouvais drôle. Elle a cependant mal vieilli. Telle autre a été complètement gommée de ma mémoire. Celle-ci, en revanche, je la garde intacte en moi. Toujours aussi forte. Toujours aussi bouleversante.

Magie de ces instants compilés, disséqués, digérés.

Magie qui m’a fait courir loin, chargé comme un sherpa de sacs lourds regorgeant de matériel photo, magie qui m’a fait dormir peu, manger quand j’en avais le temps, passer d’une scène à l’autre, chrono en main, arpenter le bitume des villes en fêtes, de jour comme de nuit, constamment à la recherche de la pièce, de la chorégraphie, de la performance qui allume des étoiles dans les yeux et dans le cœur... Sans tenir compte la pluie qui transperce ou la chaleur torride qui t’incite à mémoriser la localisation de tous les points d’eau...

Et dans le monde d’après, comment ça va se passer ?