Œil de DOM
Se coucher tard nuit. Me lever matin m’atteint.

Accueil > Textes > Le camion des éboueurs... Drame urbain !

Le camion des éboueurs... Drame urbain !

mardi 3 juillet 2012, par Dominique Villy

13h30, je retourne à la mine, regrettant un peu d’aller m’enfermer entre quatre murs, alors que l’après-midi promet une température idéale pour pédaler dans les sous-bois.

Bon, mais qu’importe, les soirées sont longues au début juin. Si les gigotons que je cornaque aujourd’hui ne me laissent pas exsangue, dans quatre heures je peux enfourcher le vélo, et la période de soleil dont je pourrai profiter devrait suffire pour faire de moi une carpette.

Ravi de cette perspective, je reprends contact avec le réel. Ma voiture m’emporte, descendant sagement l’avenue, collant, un peu trop à mon goût, au camion des poubelles qui, les rayons du soleil aidant, commence à fouetter un peu. Vite, je remonte les vitres et je rétrograde, manière de le laisser prendre un peu de champ. Vivement ce soir et les fragrances forestières...

Le quartier est calme, comme déjà engourdi par les premières chaleurs. Peu de circulation dans les rues et seulement quelques grappes de lycéens que l’on devine déjà libérés des contraintes de l’emploi du temps, déambulent sur les rares zones d’ombre du trottoir.

Au loin, le camion à l’haleine chargée s’est immobilisé. Je ralentis au maximum, espérant qu’il aura libéré le passage au carrefour sans que je doive stopper immédiatement derrière lui. Une longue cohorte de voitures débouche de sa droite, alors que j’approche inexorablement de l’orifice qui pue. Beurk ! Je freine encore. Surtout, ne plus rétrécir la zone tampon !

Un adolescent débouche d’un porche. Il regarde fixement dans ma direction. Je remarque qu’il porte, vissés sur les oreilles, les écouteurs d’un casque de baladeur. A voir sa chevelure qui tressaute et bat convulsivement, j’imagine qu’il a une fois pour toutes bloqué son appareil sur la puissance maxi. Le voilà plongé dans un isolement sensoriel volontaire.

Cependant, je lis dans son regard que, malgré les harmonies de marteau pilon qui lui flattent le tympan, il a gardé une once de sens commun : il prend soin avant de traverser la rue de s’assurer que j’ai bien noté sa présence et que je ne vais pas accélérer inopinément pour le réduire en galette avec ma roue avant gauche !

Je dis bien qu’il a gardé une once de jugement... Bien lui en aurait pris de faire fructifier ce capital de neurones ! Ainsi, non seulement il m’aurait vu, moi, arrivant à une trentaine de mètres de lui, au ralenti. Mais de plus, il n’aurait pas manqué de remarquer, par la vue ou l’odeur, à quarante centimètres de lui, solide et massif, le camion chargé d’immondices, et ça lui aurait évité de se précipiter lui-même, tête la première, dans l’arrière train du véhicule malodorant, là précisément où une griffe saisit les containers et les trousse joliment pour leur soutirer leur contenu !

Hé hé hé ! Je ne peux m’empêcher de ricaner sournoisement.....