Imagination 15-2020 Véro

Mots (et traductions) :
pive : fruit de conifère ou bouvreuil
placet : demande écrite pour obtenir justice ou faveur
pouette : laid dégoûtant
piorner : pleurnicher
parchet : parcelle plantée de vigne

Photo : Voir plus bas

Sur un sentier de balade, dans le Lavaux, entre vignes et lac, après presque cinq semaines de confinement, cette scène de la vie entre une maman et son fiston, croquée à la volée...

Maman :
Mais mille millions de tonnerre de diable cornu, est-ce que tu vas finir par cesser de piorner, avant que je t’étrangle, oui ou non !?!?

Fiston, violet, se roulant par terre, et s’arrachant les cheveux par pleine poignées :
Je veux pas allerrrrrrrrrr me promenerrrrrrr, je veux juste rester à la maison de moi et jouerrrrrrrr à la consoleeeeeeee !

Maman, au bord de l’asphyxie, ruisselante d’une sueur aigre :
Ça suffit comme ça, quand on a à peine cinq ans, on a besoin AUSSI de s’aérer, de courir, de chasser les papillons. La console, c’est pas tout dans la vie !!!
.
Fiston, têtu, (comme son père, ajouteraient certaines que je connais mais que je ne nommerai pas...) :
Je veux pôôôôs chasser les pipaillonnnnns. Je veux que jouer à la connnnnsoooooooleeeeee !

Maman, regrettant amèrement d’avoir signé, il y a cinq ans, une charte anti fessée :
On se promène, on se promène et pis c’est tout. On respire le bon air. On regarde les belles montagnes, le beau lac, on guette les oiseaux et on ramasse des pives pour faire un joli bricolage quand on sera rentrés. Arrête de couiner, relève toi et hop ! On marche. Essuie ton nez, tu es pouette à effrayer une portée de singes.

Fiston, qui n’en démord pas :
Je veuuuuuuux pas picoler avec des briiiiiiiiiiives, et pis d’abord les zoiseaux de la console, y sont bien plus beauuuuuuuuuuux. Je veux ma consoooooooole !

Maman, à bout de ressources, saisit fermement Fiston par les épaules, le redresse, le tourne face aux vignes et lui montre un point, là-bas, au-dela du manoir des Parisot et lui dit :
Bon, tu te calmes. Ensuite on marche tranquillement jusqu’au bout du parchet, là où il y a le téléfuni des Bédaules, et on rentre par le sentier du haut, celui qui passe par le pont moussu. Et tu cesses de grincher.
Si tu n’es pas d’accord -tu as le droit- ce soir, tu écriras un placet au juge des familles pour qu’il t’autorise à jouer toute la journée avec la console. On verra bien ce qu’il te répondra ! Maintenant, en avant ! Hop !

Fiston, hésitant :
Je sais pôôôôs écriiiiiiiiiiiiiiire !

Maman, harassée :
Vive la continuité pédagogique !!!