Lundi 9 novembre 2020.

Repas frugal. Pas besoin de manger, je ne fais rien de la journée !
Même pas faim.
Fait un temps à partir...
Non, tu oublies. Tu ne Pars pas. Nulle part.
Tu es assigné à résidence. Périmètre limité. Avec chiens de garde et sirènes qui retentissent à chaque tentative de dépassement. Les chiens, encore, ça négocie. Pour une couenne de jambon ou un vieil os à moëlle, ça peut s’assouplir, un chien. Ça peut trahir. Ça ne sait pas un chien. C’est diablement humain, un chien.

Une sirène, non ! Ça ne discute pas, une sirène. Ça ferme sa grande gueule, ou ça l’ouvre en grand. Pas de moyen terme.

Si tu places un ongle d’orteil là où c’est pas autorisé, ça vocifère, ça beugle, ça te vrille l’oreille et le bulbe, ça pousse des notes que tu ne savais même pas qu’elles existaient. Et ça ne s’arrête pas ! Ça ne fatigue que l’entourage. Ça ne se fatigue pas soi-même, une sirène. Ça te donne l’envie d’aller illico louer un tracto pelle et de hacher menu la construction que c’est sensé protéger.

Les Zamis, ils ont un voisin dont la maison abrite des trésors. Des trucs toujours cachés, loin des regards, des machins que nous, on ne peut pas connaître. On n’imagine même pas. Des pièces rarissimes dont on ne peut parler qu’entre spécialistes, sans les nommer, mais avec beaucoup componction et de respect et sans lever la voix.

Ces types sont pervers. Au lieu de profiter de leurs jouets, ils les enferment dans des culs de basse fosse, ils les cadenassent, et viennent de temps en temps se faire une gâterie en matant leurs lignes, leur grain, leurs volumes... Je serais curieux de savoir comment ils agissent avec les femmes ?

Le gars a évidemment installé une sirène puissante.

Et ben c’est précisément quand il est en déplacement à 700 km que cette saleté de sirène se réveille, et réveille 200 voisins, parce que un rouge gorge hargneux s’est déplacé devant le capteur.
Et ça dure 48 heures d’affilée, parce que monsieur a négligé de payer un système permettant l’intervention à distance.

Trou du Cul !

Et ben, ma sirène à moi, elle veille sur la sécurité sanitaire du voisinage.
« - Si tu descends, tu vas distribuer tes miasmes. Si tu es infecté, hop ! Tout le monde le sera. »
Je sais bien que Cécile rêve de transformer cette maison en Ehpad à dimensions humaines, j’aime beaucoup Cécile, elle me fait rire, mais...
Mais.
Mais je ne veux pas devenir son premier patient.

Rôder en pyjama taché de tous les repas de la semaine ne me fait pas rêver. Prendre la collation de 16 h, à une table du jardin, en compagnie de celle-ci qui tentera de me piquer mon biscuit pré-mâché ou de celui-là qui se jettera en douce une tite tiotte gouttote de Vodka Smirnoff, sans partager, je veux pas !
Je veux passer pis c’est tout.

Alors je veille à rester sage.
Et sain, si c’est encore possible.

Si une sirène retentit, c’est pas ma faute.u.
Si c’est l’autre ahuri, vous feriez bien de vous habituer : il est parti se confiner au Kamtchka.

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