Œil de DOM
Se coucher tard nuit. Me lever matin m’atteint.

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Samedi 7 novembre 2020.

vendredi 13 novembre 2020, par Dominique Villy

La moto sur le home traîner.
J’ai essayé.
Ça ne marche pas !
Bien sûr que ça ne marche pas.
Et ça n’aurait aucune intérêt.
La moto, c’est un espace de liberté !
Toc !
Bon le vélo aussi, c’est la liberté.... Liberté ET cuissots qui chauffent.
Quand tu pédales, tu es à l’écoute de ta carcasse. Le moindre petit grincement dans un genou, la moindre esquisse de début de crampe, le plus faible signe de souffle court, tout, tout ce qui risque de pas te permettre de rentrer au nid lance des messages d’alerte. Ton tableau de bord intime clignote comme celui d’un Airbus A380 sur le tarmac.
De deux choses l’une : soit tu as une confiance inébranlable dans ta constitution, tu as accepté depuis longtemps que ça puisse t’arriver, tu as assez de ressource pour terminer ton tour, tu as prévu suffisamment de temps pour boucler avant la nuit, même en poursuivant à la vitesse d’un escargot malade. De plus tu sais que dans le sac à dos, deux ou trois sucreries attendent le moment où tu vas t’en repaître, et ça va forcément de remonter le moral.
Au pire, le p’tit billet plié en six dans la boîte à outil pourra t’offrir un réconfort plus conséquent.
Et au pire du pire, les routes que tu suis ne sont jamais éloignées des voies des TER.
Tu connais les gares où ils s’arrêtent, et ce n’est pas une punition que de rentrer en train.
Évidemment, il y eut la gare de Baume les Dames, où tu ne fus pas capable de te faire délivrer on ticket par l’automate, il y a quelques années. Vexé jusqu’au troufignon d’être aussi gauche, tu considérais les collégiens qui s’affranchissaient de cette tâche sans le moindre souci. Toi, ...tu avais la bave aux lèvres et des envies de meurtre... Saletés de jeunes !
Mais ça, c’est de l’histoire ancienne.
Maintenant, tu sais.
Tu es paré.
Second choix, qui va briser à tout jamais l’image de héros que tu te forges à coups de kilomètres, par tous les temps : tu peux sortir ton téléphone de son p’tit sac étanche (ne JAMAIS laisser noyer son téléphone !) et appeler la voiture balai.
« Heu ! Je suis là, à 30 km, et je viens de briser net le réculpédalicoupevent à gracipulettes. Je n’en ai bien sûr pas de rechange... Faudrait que tu viennes me chercher, si c’était un effet de ta légendaire bonté. Nan je n’ai pas froid. Oui, j’ai une polaire. D’acc, je suis au croisement de la rue de l’Échafaud et de la rue du Cimetière. Nan, y a personne. Oui, j’ai glissé dans le coffre de la oiture un porte vélo et ses sangles. Nan, je n’ai pas encore faim. Oui, à toute.
Voilà. On s’en sort toujours. Tout finit toujours par s’arranger, même mal, disait Céline.
C’est pas beau, la vie d’un cycliste ?