Œil de DOM
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Vendredi 20 novembre 2020.

jeudi 19 novembre 2020, par Dominique Villy

Confinement. Seconde phase.
Vendredi 20 novembre 2020.

Le cycliste ne laisse pas sa part de conneries aux chiens.

Tu l’as vu, le cycliste, emprunter la rue Machin à contre sens ?
Fier de lui. Plus malin que tout le monde. Plus rapide aussi. Se riant du trafic, affichant une confiance indéfectible dans son art du pilotage, hop ! Le zigzag autour des plotets, hop ! Le saut de biche sur le trottoir puis au bas du trottoir, hop ! hop ! et re-hop !

Et paf ! La Mémé qui se hâte avec lenteur sur ses petites pattes taillées à la serpe dans des brindilles de paille, qui traverse, certes hors des passages pour piétons - il n’y en a pas au long des cent quatre-vingt mètres de cette ruelle- après avoir jeté un coup d’œil du seul côté où risque de déboucher quelque véhicule assassin.

Et cet autre cycliste, qui a investi mille euros dans un magnifique vtt mais qui a reculé devant la dépense d’un éclairage à quinze balles, et qui fend la bise, de nuit, sur l’avenue, tout vêtu de noir.

Bon, c’est un moindre mal si le gars à dans sa poche la nécessaire carte de donneur d’organes, et la carte d’identité qui va avec.

Des foies, des cœurs, des viscères en bon état, on en manque. En revanche, du cerveau en bon état, c’est pas chez ces gars-là qu’on en trouvera. Peut-être un peu de mou pour les chats...

La bicyclette est une merveilleuse petite machine, plaisante à conduire, rapide, sûre, propre, silencieuse.
Elle ne coûte pratiquement rien en regard des services qu’elle rend.
Elle ne coûte rien non plus en assurance ni en carburant, ni en parking.
Elle ne nécessite qu’un minimum d’entretien facile à effectuer, même pour le dernier des manchots.
Elle n’encombre ni la rue ni les aires de stationnement.
Elle est légère.
Elle ne diffuse ni fumées irritantes ni puanteur pestilentielle aux carrefours de nos villes.
Elle maintient ses utilisateurs réguliers dans une relative bonne forme physique. Tout comme la pomme, elle tient le médecin à distance (surtout si on vise bien, pour ce qui est de la pomme).
Elle lutte de ce fait contre le gavage des labos pharmaceutiques.

Lorsqu’elle est usée jusqu’au trognon (la bicyclette, pas la pomme), sa déconstruction ne surcharge pas les chantiers des ferrailleurs pakistanais.

La bicyclette est magique.

Mais toute merveilleuse qu’elle est, la bicyclette, entre les mains d’un abruti décérébré, reste un instrument dangereux, pour l’abruti-c’est entendu-et on s’en fiche-mais surtout pour la pauvre Mémé qui la reçoit en pleine tronche ou pour le type qui se la prend sur le capot.