Œil de DOM
Se coucher tard nuit. Me lever matin m’atteint.

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Journal de confinement, page 23...

lundi 20 avril 2020, par Dominique Villy

Journal de confinement page 23...

- " Ben, pourquoi il y a deux pneus dans le coffre de la Honda ?
- Il y a une roue complète crevée et un pneu neuf.
- C’ est pareil. Pourquoi tu as mis tout ce foutoir dans la voiture ?
- Je te rappelle que tu as flingué un pneu contre le trottoir.
- Je sais. Mais à quoi ça sert de transporter tout ça ?
- Il faudra bien faire réparer un jour, je pense.
- D’accord. Mais à quoi ça sert de s’encombrer d’une roue fichue ? Tu la jettes et pis c’est tout.
- En admettant que les déchetteries soient ouvertes, je la jette. Ok. Et après ? Le pneu neuf, tu le fais monter où ? Sur quoi ?
- Ben, sur la voiture.

Là, j’abandonne.

Et je file me réfugier dans le jardin.
Heureusement que la météo est clémente.

Les oiseaux se contrefichent du confinement. Ils s’activent, en groupes. Ils effectuent des vols en rase-mottes, des tourbillons, des vols en piqué. Une merveille. Le tout accompagné de chants harmonieux et variés. Je pourrais passer des heures à suivre leurs évolutions périlleuses. Quel régal. Ils arrivent de je ne sais où, au coude à coude, pardon, en formation serrée, s’abattent sur les mirabelliers, se disputent une branche flexible, se balancent, s’invectivent et repartent dans un bruissement d’ailes, sans se percuter. Superbe. Seul souci pour eux : parvenir à picorer quelques miettes dispersées au sol tout en évitant Adolphe.

Adolphe rôde.
Adolphe veille.
Adolphe est là, à l’affût.
Adolphe frémit d’aise.
Adolphe se concentre...

Quoique nourri, bien nourri, trop nourri par la plupart des habitant de cette rue, Adolphe n’a pas tout à fait perdu son instinct de grand fauve.

Adolphe, semble-t-il, ne dédaignerait pas un dessert à la plume, ne gâterie vivante, un petit piaf tout chaud, tout vif.

Adolphe est un chat de gouttières, on le reconnaît à sa petite moustache noire... Non, il n’a pas de mèche raide lui barrant le front.

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Non, mais sérieusement, vous vous rendez compte ?
Ça ne vous inquiète pas ?
Vous voyez où on en est ?
Vous y croyez ?

C’est terrible le confinement : je viens d’écrire 150 mots à propos d’un chat dans un jardin et des moineaux qui le défient, et vous, vous lisez ça, sans vous interroger !

Z’avez rien de plus constructif à faire ?

Venir changer ce pneu, par exemple !!?