Œil de DOM
Se coucher tard nuit. Me lever matin m’atteint.

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Journal de confinement, page 12...

dimanche 12 avril 2020, par Dominique Villy

Mardi 31 mars

Rien.
Rien de rien.
Enfin....pas vraiment rien.
Des coups de téléphone.
Des échanges de recettes.
Des vidéos très drôles, la quotidienne de Pascal Gautelier, comédien sarthois issu de la compagnie Utopium Théâtre, qui me fait rire et que je fais circuler.
Moins drôle, le message de cette cousine qui fait état de sa mise en quarantaine depuis ce matin, suspicion de virus oblige...

Jeudi 1er avril, jour du poisson.

Et ben ça n’a pas mordu. Rien. Pas la moindre touche. Le filet est resté vide. La plongeotte a gardé sa tête sèche. Le requillou n’a même pas été déplié.
L’ambiance n’est pas à la grosse farce. Ni à la blague légère.
L’ambiance est à rien du tout.

Les abrutis qui nous gouvernent, et que l’on mérite, puisqu’on les a élus, les abrutis, donc, martèlent de doctes consignes qui changent tous les deux jours - on ne ferme pas les écoles, on les ferme, on peut bien sûr aller voter pour le premier tour des municipales, on repousse le scrutin du deuxième tour aux calendes grecques, on n’a pas besoin de masque, d’ailleurs moi, ministressesibête de la parlotte à tort et à travers je sais même pas m’en servir, on reste chez soi, on va travailler, faudrait pas que le CAC 40 vienne à déprimer, on admire les braves routiers qui transportent tout notre nécessaire dans leurs gros camions, on leur ferme à la gueule les sanitaires et restaurants des aires de stationnement mais pas les péages, on encourage à applaudir les soignants à vingt heures chaque soir, on les laisse bosser dans des conditions indignes, sans protections, sans machines à respirer, bientôt sans médicaments, on les adule aujourd’hui après les avoir gazés et leur avoir écrasé la gueule à coups de Rangers il y a quatre mois, on va aider les entreprises qui se retrouvent dans une merde noire et aussi les gros groupes qui distribuent un pognon de dingue en dividendes, on s’appuie sur les scientifiques pour expliquer aujourd’hui le pourquoi et le comment de la progression du virus après avoir assuré qu’il n’y avait aucune raison qu’il ne reste pas en Chine (Agnès Buzin janvier 2020), on assure la continuité pédagogique dans les écoles tout en estimant que les enseignants, éternels fainéants, pourraient tout de même aller donner un coup de main au travail des champs, on clame dans le poste que les malades en réanimation n’avaient qu’à rester chez eux (DidierNazi Lallement, préfet de police 2 avril 2020), (le qualificatif de Nazi étant attribué à l’actuel préfet de police par Alain Juppé, il y a quelques années), on claironne avoir commandé plusieurs milliards de masques à nos amis chinois, après avoir affirmé il y a quelques semaines que les réserves étaient pleines, et on se les fait piquer au cul du camion par des yankees aux poches bourrées de billets verts.

Énervé, moi ?

Allons, pas du tout.

Faudra rendre des comptes.
Faudra des explications.
Faudra se souvenir de tout ça.
Moi, pour garder le souvenir, j’écris.
Ce journal de confinement, sûr que je vais le relire, avant de retourner aux urnes.

Vendredi 2 avril, samedi 3 avril, dimanche 4 avril...

Lecture dans le jardin, sous un ciel bleu magnifique.
Filet mignon navets carottes, oeufs au lait.
Mozart, la flûte enchantée, Papageno, Papagena...
Quelques séries de photos de 25 ans d’âge expédiées à des destinataires qui n’en connaissaient pas l’existence...
Quelques tours du quartier, non sans regarder de travers celles et ceux qui ont eu la même idée que moi...