Accueil > Textes > La vie des grands fauves
dimanche 2 décembre 2012, par
Il est fébrile.
Il jette des regards anxieux dans tous les recoins du lieu.
Il est à l’affût.
Tout à coup son visage s ’éclaire ; il affiche un large sourire : il l’a repéré !
Il ne lui reste qu’à attendre son heure. Il en ronronne d’aise.
Il attend...
En embuscade, l’œil mi-clos, il savoure déjà l’instant où il mettra sa grosse patte dessus !
Il est sûr de son fait : il l’aura !
Brusquement, il frémit.
L’issue est proche. Il se ramasse sur lui-même, prêt à la détente. Les jarrets tendus, il vit déjà le bond qui va l’emporter...
Sa fulgurance est légendaire : Il quitte le sol, se précipite ,aussi rapide qu’une flèche acérée, mû par un réflexe prodigieux !
Surgissant d’on ne sait où, un concurrent doté d’une foulée plus souple et plus pure, le coiffe au poteau et, d’un geste gracieux, lui « souffle » SA proie sous le nez !
Le désespoir qui s’affiche sur le visage du malheureux fait peine à voir. L’incompréhension le terrasse.
Puis la colère monte.
« - Bon Dieu, mais comment ce connard a-t-il pu me piquer le journal ? Je l’avais vu avant lui ! »
La vie est sans pitié pour les grands fauves, le matin, à l’heure du café !