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jeudi 6 septembre 2012, par
Une petite histoire, vraie et vécue, sinon elle n’aurait aucun intérêt, que je vous sors d’un tiroir... Elle date d’une vingtaine d’années.....{{}}
Y a pas de miracle en ce bas monde. Si tu veux dégager un peu de temps pour faire les trucs que t’as vraiment à coeur d’accomplir durant ton bref passage parmi les vivants, faut rogner.
Je veux dire, rogner sur le nécessaire, l’indispensable, l’incontournable.
Et là, chacun pour soi, le Diable pour tous : L’égalité est une vue de l’esprit. On n’a pas tous le même potentiel, ni les mêmes priorités.
Tant mieux.
Moi, depuis longtemps, je rogne sur le temps de sommeil.
Et ça marche !
Je ne dis pas que la carcasse ne rechigne pas de temps à autre à quitter la station horizontale, je ne dis pas non plus qu’en d’autres occasions, l’attrait de la paillasse ne se fasse pas ressentir :
Mais, bon, dans l’ensemble, la bête est relativement docile, et vaille que vaille, elle s’est habituée à ne dormir que cinq heures par nuit, six parfois.
Ce soir là, j’étais fatigué.
L’écran rouge de mon réveil annonçait 23 h 58 mn quand je me suis abattu sur l’oreiller, anesthésié par une journée durant laquelle le Malin avait essayé sur moi toutes ses nouvelles farces.
Une fatigue grand format.
Un sac de plomb sur la tête, j’aurais pu dormir dans le tambour du lave-linge, programme essorage musclé.
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bzzp ! bzzp ! bzzp ! bzzp ! bzzp ! bzzp !
bup ! bup ! bup ! bu ! bup ! bup !
bzzp ! bzzp !bzzp ! bzzp !bzzp ! bzzp !
bzzp ! bzzp !bzzp ! bzzp !bzzp ! bzzp !
bzzp ! bzzp !bzzp ! bzzp !bzzp ! bzzp ! bzzp ! bzzp ! bzzp ! bzzp ! bzzp ! bzzp
Sacré pétard de tonnerre de milliard de diables fourchus à la graisse de chacal !
Aux rames, galérien, c’est déjà le chant du coq !
Debout, carcasse !
Secoue toi, bouge toi, lève toi.
Je me traîne jusqu’à la cuisine, rebondissant d’un mur du couloir à l’autre, je shoote dans une chaise, étouffe un juron, écrase une larme et je m’affale sur la cafetière que j’ai eu la bonne idée de préparer hier soir.
Pendant que le café glougloute sereinement en répandant son odeur
réconfortante, je prépare les deux tartines qui me rendront ma légendaire joie de vivre.
Euh ! Bon, pour la joie de vivre, ce matin, c’est raté. Je renverse une première tasse de café, je peine à ouvrir l’oeil et je chipote le bon pain beurré.
C’est pas croyable ! Depuis que je me connais, Je ne me souviens pas avoir autant peiné pour sortir du coltard, le matin.
J’ai pourtant pas bringué, pas fait d’excès, je me suis même couché relativement tôt... Bizarre.
Je persiste à mâchonner ma tartine, persuadé que la forme va revenir...
Cependant, la partie ne semble pas gagnée. Je baille comme un hippopotame, je frôle la crampe de la mâchoire, c’est une horreur.
Je me sens scotché sur la chaise, naze comme c’est pas permis, avec autant d’énergie qu’une demi livre de fromage de tête qui tremblotte sur une assiette, dans le bas du frigo.
C’est pas possible, soit je me réveille, soit faut faire venir l’équarrisseur. On ne peut pas me laisser dans cet état.
Je me lève à grand-peine, je me dirige dans le salon pour consulter l’horloge du lecteur de dvd :
MINUIT DIX
Saloperie de réveil !